Réunis à Bakou les 17 et 18 juillet 2024, nous, représentants des organisations patriotiques des dernières colonies françaises, émettons la présente déclaration pour faire entendre notre voix et revendiquer notre droit à l’émancipation et à l’indépendance.
Depuis juillet 2023, à l’initiative du gouvernement de l’Azerbaïdjan, alors en charge de la présidence du Mouvement des Pays Non-Alignés, nous avons, dans la continuité de nos luttes décoloniales, uni nos forces pour mettre en lumière la situation politique des pays encore soumis au joug colonial français. Nous exprimons notre profonde gratitude envers le gouvernement de l’Azerbaïdjan, le Mouvement des Pays Non-Alignés et le Groupe d’Initiative de Bakou pour leur soutien et leur engagement envers notre cause.
Nous déclarons que le colonialisme constitue une violation grave des droits fondamentaux des peuples, une entrave à leur développement et une négation de leur identité. Nous réaffirmons notre droit inaliénable à l’autodétermination, à la liberté et à la pleine souveraineté sur nos territoires.
Nous dénonçons fermement les pratiques oppressives et discriminatoires du colonialisme français qui ont persisté malgré les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à cette injustice. Nous exigeons la fin de toute forme d’exploitation, de discrimination et d’accusation d’ingérences extérieures dans nos affaires intérieures.
Nous dénonçons la politique coloniale de la France et exigeons la fin des violences commises par l’État français dans l’ensemble de ses colonies, singulièrement en Kanaky-Nouvelle -Calédonie.
Nous dénonçons les arrestations arbitraires et la criminalisation des militants des organisations politiques en lutte et leurs déportations dans les geôles françaises, au mépris même des principes élémentaires. Nous exigeons donc la libération de tous les prisonniers politiques détenus dans les prisons françaises et le retour des exilés sur leur terre ancestrale.
Nous rappelons la décision du Comité Spécial de Décolonisation des Nations Unies du 21 juin 2024 réaffirmant que « l’existence du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations est incompatible avec la Charte des Nations Unies, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, la Déclaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international et la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations Unies ».
L’histoire de nos peuples est fortement marquée par la détermination à s’organiser pour mettre fin au système colonial français.
La violence coloniale a été en permanence la seule réponse de l’État français.
Elle a frappé les insurgés de septembre 1870 et les militants de l’OJAM en Martinique, ceux du Front Antillo-Guyanais en France, du GONG et de l’ARC en Guadeloupe, du MOGUYDE en Guyane, du Tavini Huiraatira en Polynésie, du FLNC en Corse et particulièrement du FLNKS en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
Chacune de ces colonies françaises honore ses martyrs, victimes de la violence exercée par l’État colonial français contre nos peuples en lutte pour leur pleine souveraineté nationale.
Nous appelons la France à reconnaître ses responsabilités historiques et à engager un dialogue sincère avec les peuples des dernières colonies françaises en vue de trouver des solutions justes et durables pour garantir leur autodétermination et leur prospérité. Les réparations doivent être consubstantielles au processus de décolonisation.
Nous saluons la solidarité et le soutien de la communauté internationale envers notre cause et nous appelons tous les États , les organisations régionales et les institutions internationales à se mobiliser pour faire respecter nos droits et à soutenir nos efforts pour accéder à l’indépendance et à la pleine souveraineté.
Nous engageons tous les patriotes, les forces progressistes et les activistes à travers le monde à se tenir à nos côtés dans notre lutte pour la justice, la liberté et l’égalité. Ensemble, nous sommes plus fort et déterminés que jamais à poursuivre notre combat jusqu’à ce que chaque nation colonisée retrouve sa dignité et son droit à défendre son propre destin.
Ensemble, nous affirmons notre engagement indéfectible à œuvrer pour un avenir meilleur pour nos peuples, basé sur la justice, la solidarité et le respect mutuel. Nous croyons en la capacité des peuples des dernières colonies françaises à construire des sociétés libres, équitables et prospères, débarrassées de l’oppression et de l’exploitation.
Nous affirmons notre solidarité avec le peuple de Sint Maarten qui est sous la tutelle coloniale de la Hollande et se bat pour intégrer la liste des territoires non autonomes de l’ONU et faire valoir son droit à l’autodétermination.
Bonaire lutte pour faire valoir ses droits à l’autodétermination. Son peuple est devenu minoritaire dans son propre pays depuis 2010, ce qui crée une situation d’urgence. Bonaire se bat aussi pour intégrer la liste des territoires non autonomes de l’ONU.
Il y a 39 ans, la première conférence des dernières colonies françaises, à Bonne veine, en Guadeloupe, marquait un premier pas vers la collaboration commune pour la reconnaissance de nos droits et de notre dignité.
Aujourd’hui, suite au congrès qui s’est tenu à Bakou, les 17-18 juillet 2024, les organisations politiques décident d’acter la création d’un Front international de libération des dernières colonies françaises, jugeant qu’il y a urgence d’avoir une structure internationale pour relever les défis actuels auxquels nous devons faire face.
L’institutionnalisation définitive de ce front interviendra, dans un délai raisonnable, sur la base d’une réflexion conjointe de l’ensemble des organisations patriotiques de nos différents pays permettant d’élaborer les documents fondateurs de notre front.
Nous appelons solennellement les autres organisations patriotiques des dernières colonies françaises à s’associer à notre démarche afin de doter au plus tôt nos peuples d’une organisation permettant d’accélérer la lutte pour la libération nationale dans chacun de nos pays et construire des États libres, indépendants et souverains fondés sur la justice sociale et portant fondamentalement les valeurs culturelles et patrimoniales de nos peuples.
Nous déclarons notre attachement aux principes de la Charte des Nations Unies et aux déclarations en matière de décolonisation 1514 et 1541 de décembre 1960 adoptées par l’Assemblée Générale des Nations Unies, et retenons l’exercice du droit inaliénable et sacré par les peuples des territoires qui composent le front international, de leur droit à l’autodétermination au sens de la Charte des Nations Unies.
Enfin, nous remercions chaleureusement le peuple et le gouvernement de l’Azerbaïdjan pour leur hospitalité et leur soutien tout au long de ce congrès. Nous repartons de Bakou avec des résolutions fermes, des alliances renforcées et une détermination renouvelée à faire triompher la cause de la liberté et de l’indépendance pour tous les peuples des dernières colonies françaises.
Fait à Bakou, le 18 juillet 2024.
Les représentants des organisations politiques patriotiques des derniers colonies française ont signé :
CORSE : Mouvement NAZIONE
GUADELOUPE :UPLG-MIR-FKNG-PCG-CIPN
GUYANE : MDES
KANAKY : FLNKS
MARTINIQUE : MODEMAS-PALIMA-PKLS
POLYNÉSIE : Tavini Huiraatira
BONAIRE : Fondation de l’Organisation des Droits de l’Homme de Bonaire-Mouvement Pueblo Progresivo Uni
ST.MARTIN : One St.Martin Association