Par Francis CAROLE
Des centaines de morts dans la frappe israélienne de l’hôpital Al-Ahli, à Gaza, ce mardi 17 octobre. Plus de 5000 Palestiniens.nes massacré.e.s en quelques jours, dont déjà 2000 enfants. Plus d’un million de personnes déplacées, selon les chiffres de l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA).
Israël et les grandes puissances occidentales sont responsables de cette barbarie planifiée. Ces milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ne sont pas des « victimes collatérales » de la lutte pour soi-disant « détruire le Hamas », comme n’a cessé, par cynisme, de le prétendre l’avocat franco-israélien, Arno Klarsfeld. Ce ne sont pas les morts du hasard ou de bombes folles lancées par des mains innocentes et inconscientes.
Les sionistes savent que les bombardements massifs et constants tueront immanquablement de nombreux civils. Dès lors, ceux-ci deviennent non pas des « victimes collatérales » mais bien des cibles délibérées dans la logique d’un projet génocidaire. Pour détruire tout obstacle à son rêve de colonisation de la totalité de la Palestine, le sionisme est prêt à anéantir le peuple palestinien, comme il l’a déjà montré en 1948 ou encore à Sabra et Chatila. De manière congénitale, ce que le sionisme considère comme son « espace vital » le conduit à légitimer une politique de nettoyage ethnique systématique.
Comme depuis 75 ans, l’Etat sioniste d’Israël continue donc de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui, en dépit de timides condamnations de façade de l’Occident, restent impunis.
D’ailleurs, l’Europe et les États-Unis n’ont-ils pas, par avance, justifié les massacres en cours, en reconnaissant à Israël (pourtant responsable de l’agression et de la colonisation du peuple palestinien) un prétendu « droit de se défendre » ? C’est en fait un permis de massacrer.
Ce même « droit de se défendre » est dénié au peuple palestinien agressé qui, depuis 75 ans, souffre de la déportation, de la spoliation de ses terres et de multiples massacres de la part de l’Etat sioniste israélien.
Deux poids deux mesures donc. Le double standard éthique. Le jeu hypocrite de la France et des États qui prétendent défendre les « valeurs de la civilisation » contre des « barbares » et des « animaux ». Les meurtres de masse commis par ceux qui sont convaincus d’appartenir à une race des seigneurs constituent, à leurs yeux, une nécessité raisonnable et un droit légitime.
Que les damnés de la terre utilisent les mêmes méthodes pour tenter de briser le carcan du mépris et de l’écrasement, cela devient un scandale moral absolu !
Une analyse plus attentive de l’histoire des derniers siècles montre bien que c’est le cynisme et la sauvagerie de l’Occident qui ont conduit à l’émergence d’un phénomène aussi extrême que Daesh. Il se trouve en effet toujours -comme un effet boomerang du nihilisme-des forces qui, à un moment donné, répondront, mécaniquement, au pire par le pire, à l’enfer par l’enfer, à la sauvagerie par la sauvagerie, car personne ne détient le monopole de la violence et du cynisme.
L’extrémisme sioniste et son obsession du Grand Israël ont conduit à l’élimination des forces patriotiques palestiniennes historiques, à l’instar de l’Organisation de Libération de la Palestine, et libéré des logiques au moins aussi implacables que celles que l’Etat d’Israël a lui-même mises en œuvre contre ses victimes.
L’aveuglement et le puérilisme des suprémacistes sionistes et occidentaux qui dirigent le monde les amènent à se gargariser de la destruction -provisoire-de leurs ennemis, oubliant que les mêmes causes génèrent inéluctablement les mêmes effets. Souvent en pire. Un jour, la vague des ressentiments et la volonté des peuples de vivre dignement emporteront sans rémission les prétentions suprémacistes occidentales.
Certes, il n’est jamais trop tard pour tenter de changer le cours de l’Histoire et de réinventer le monde. Mais l’Occident a perdu tout sens du réel et se vit comme un essentialisme fécond pour le monde alors même qu’il n’en a été et qu’il n’en est, tout compte fait, que le destructeur et le corrupteur.
La France de Macron, qui entretient une confusion délibérée entre l’antisionisme et l’antisémitisme -au point d’élargir la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme- applique avec un rare zèle ce double standard. Elle est ainsi le seul État à avoir voulu interdire les manifestations de soutien au peuple palestinien, proclamant, de fait, que la vie d’un palestinien ne vaut pas celle d’un israélien. Fort heureusement, le Conseil d’Etat a décidé que les manifestations de soutien en faveur de la Palestine ne pouvaient pas se voir systématiquement interdites.
Le procès en sorcellerie pour « apologie d’une organisation terroriste » fait à la députée, Danièle Obono, pour avoir considéré que le Hamas était une organisation de « résistance » contre le sionisme, illustre l’esprit moyenâgeux, le parti pris idéologique aveugle et les dérives totalitaires qui animent ce qui est devenu la patrie de la pensée unique et de la censure.
À ce propos, et en passant, on ne saurait ne pas s’étonner du silence d’acier de certains des députés de Martinique sur ce sujet…
Certes, chacun a le droit de porter un jugement sur telle ou telle action du Hamas, en fonction de sa vision du monde et de ses références éthiques. Mais il n’appartient ni à Israël, ni à la France, ni à l’Union Européenne, ni aux Etats-Unis de décider si le Hamas appartient ou non à la résistance palestinienne. Ce choix relève du seul peuple palestinien. De même, ce n’était pas à l’Allemagne nazie, à l’Italie de Mussolini, à l’Espagne de Franco ou au gouvernement de Vichy de désigner qui appartenait à la résistance française durant l’occupation. Cela était du ressort du seul peuple français et de ses combattant.e.s.
L’urgence de l’heure est à un cessez-le-feu immédiat et à la création d’un État palestinien, dans les frontières de 1947, avec Jérusalem Est pour capitale, conformément à la résolution 181 votée par l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 1947. On ne peut plus ruser avec cette exigence et prétendre détruire la résistance palestinienne est illusoire.
Francis CAROLE
Mardi 24 octobre 2023