NOTRE SOUTIEN AU PEUPLE BRÉSILIEN
Par Francis CAROLE
En envahissant le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême, les fascistes partisans de Bolsonaro, à l’évidence inspirés par l’assaut du Capitole mené le 6 janvier 2021 par les trumpistes, ont cherché à susciter un coup d’État et à instituer un régime militaire.
Il s’agit d’une opération en préparation depuis plusieurs semaines qui a bénéficié de la complicité des forces de l’ordre, de la police militaire, du gouverneur de l’État de Brasilia et de son chef de la sécurité.
Fort heureusement, l’armée n’a pas cédé aux appels des bolsonaristes qui n’ont cessé de lui demander de s’emparer du pouvoir.
Le risque était à prendre d’autant plus au sérieux que le Brésil a été soumis , de 1964 à 1985, à une dictature issue d’un coup d’État militaire, le 1er avril 1964, qui avait pris pour prétexte « la menace du communisme ».
Il est important de rappeler que Bolsonaro avait lui-même ordonné la commémoration de ce putsch considéré par les fascistes brésiliens comme une « révolution rédemptrice ».
Quelle rédemption ? Des dizaines de milliers de prisonnier.ère.s politiques torturé.e.s, des opposant.e.s et des syndicalistes liquidé.e.s physiquement, un nombre considérable d’indien.ne.s autochtones déplacé.e.s dont plus de 8500 tué.e.s, un racisme d’une rare violence contre les Africains-descendants. Telle fut cette période. En 1979, une loi d’amnistie mettait les criminels à l’abri de toute poursuite.
Ainsi, l’armée brésilienne a été historiquement le bras armé non pas du peuple brésilien mais des classes possédantes, au détriment de tous.tes les damné.e.s de la terre. Son influence reste considérable dans la société.
L’évocation par les putschistes des résultats des dernières élections présidentielles (tout de même 50,9 % en faveur de Lula) pour justifier leurs agissements relève du prétexte et de la plaisanterie.
En réalité, l’élection de Lula à la présidence du Brésil, en 2002 et en 2006, avait entraîné des transformations profondes du pays sur les plans économique, social, écologique… Le respect des droits humains, des droits des femmes, des Africains-descendants et des populations autochtones avait connu un progrès notable. Tout cela irritait les classes dirigeantes et une fraction de l’armée et a contribué à radicaliser la lutte politique au Brésil. C’est indubitablement dans ce contexte qu’il faut comprendre les manœuvres qui ont conduit à la destitution de Dilma Roussef en 2016 et à l’invalidation de la candidature de Lula aux élections présidentielles de 2018.
La tentative de coup d’État de ce dimanche 8 janvier 2023 doit être donc lue sous l’angle de l’exacerbation de la lutte entre les fascistes bolsonaristes et l’espoir de progrès et de changement profond que symbolise la victoire de Lula.
On peut raisonnablement penser que ces événements ne constituent qu’un moment de la longue lutte du peuple brésilien vers le progrès, contre les pesanteurs d’une élite réactionnaire qui entend imposer ses privilèges au détriment du plus grand nombre.
D’autres épisodes violents de cet affrontement surviendront fatalement. La rédemption est dans cet effort de rendre la société brésilienne plus juste, plus libre, plus humaine. Le gouvernement de Lula devra sans doute arrêter rapidement d’audacieuses mesures politiques, économiques, sociales, militaires et d’organisation du peuple pour prévenir une prochaine tentative de renversement.
Pour l’heure, la mobilisation massive du peuple brésilien dans les rues, après cette tentative de putsch, nous rassure et laisse penser que Lula et les Brésiliens sauront défendre les conquêtes démocratiques de leur pays.
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Mardi 10 janvier 2023