La crise sanitaire que nous vivons, en plus de ses conséquences sociales et économiques, aura un impact considérable sur le bien-être psychosocial et la santé mentale de la population martiniquaise.
Les stratégies de communication fondées sur la peur et les stigmatisations qu’elles génèrent, l’angoisse de la contamination et de la mort, la perte de proches, l’impossibilité d’accomplir les rites funéraires habituels, la précarité, l’isolement et le contexte d’instabilité globale dont on ne perçoit pas le terme marquent et marqueront durablement la société martiniquaise.
Autant que la situation économique et sociale, la crise psychologique issue de la crise sanitaire (plus de 300 morts en deux mois) doit faire l’objet de politiques publiques adaptées et urgentes.
C’est cette conviction qui a conduit le PALIMA, dans sa « Déclaration à propos de la crise sanitaire » (1), en date du 9 août 2021, à proposer ce qui suit :
« Pour accompagner les détresses humaines que cette nouvelle épreuve ne manque pas de provoquer, plusieurs initiatives immédiates méritent d’être prises :
- un plan social d’urgence pour les personnes les plus exposées (personnes âgées, personnes à faibles revenus, enfants, femmes exposées aux violences conjugales, personnes en errance…),
- la réactivation des cellules d’écoute et l’accompagnement psychologique de la population,
- un plan de soutien aux entreprises. »
En 2020, le GRAN Sanblé, alors à la tête de la CTM, avait, avec la contribution active du personnel de la collectivité et de psychologues martiniquais, mis en place le dispositif d’écoute appelé « NOU ANSANM »(2). L’association « SOS KRIZ » s’était aussi engagée dans une démarche similaire.
Aujourd’hui, du fait de l’ampleur de la catastrophe sanitaire, il convient d’aborder de manière plus large l’accompagnement psychologique de la population.
Dans l’immédiat, il serait urgent de :
renforcer les cellules d’écoute téléphonique,organiser avec les médias et les professionnels, pour toucher un public large, des émissions régulières, radio et télédiffusées, sur ces problématiques dont , malheureusement, on ne mesure pas suffisamment l’importance.
Cette initiative médiatique permettrait d’accompagner dès à présent la population et les soignants (lesquels sont parfois laissés seuls face à des choix difficiles).
Parallèlement, une stratégie à moyen et long termes doit être structurée en vue d’une prise en charge individuelle ou par groupes des personnes directement affectées par l’impact psychologique de la crise sanitaire.
Cet accompagnement pourrait être mis en œuvre, suivant le besoin, dans les familles, sur les lieux de travail ou dans les établissements scolaires. Les modalités d’intervention seraient élaborées avec les spécialistes de ce domaine.
Le rôle de la CTM, là aussi, est déterminant pour impulser cette politique de santé publique avec les partenaires concernés.
Francis CAROLE – MARTINIQUE – Mercredi 1er septembre 2021