PROCHE ORIENT/MAGHREB
Irak : le macabre succède au macabre
Après l’agression sans nom des Etats-Unis*¹ contre ce pays en 2003, on est donc sûr du nombre de morts américains. Il est par contre toujours impossible de donner le nombre exact de morts irakiens ; les chiffres oscillent entre 200 000 morts et un million.
Il est également question de 500 000 enfants irakiens qui ont connu une mort « précoce » due aux conséquences de ce conflit.
Le bulletin de « l’environnemental contamination and toxicology » de l’université de Michigan annonce que « le taux de cancer, de leucémie, et de mortalité infantile observé à Falluja (localité Irakienne) est plus élevé qu’il ne le fut à Hiroshima et Nagasaki en 1945 »…
Aujourd’hui, pas un jour ne se passe en Irak sans attentat meurtrier. Il se dit même qu’il n’existe pas une famille irakienne qui n’ait été touchée dans sa chair par les effets de cette guerre.
A-t-on besoin de rappeler que cette guerre fut décidée par G. W Bush accusant sans preuves le gouvernement irakien de l’époque de détenir des « armes de destruction massive »…
Au terme de ce conflit, l’Irak qui était une puissance moyenne dans la région est un pays démembré qui se démène dans des drames immenses depuis plus de 10 ans.
KADHAFI : le « condamné à mort »
La Libye a connu le même sort quelques années plus tard. Cette fois, le prétexte était d’empêcher « un dictateur supposé irrationnel d’attenter à la vie de son peuple ». On sait que le nombre de victimes franco-anglo-américaines fut nul mais on ignore toujours le nombre exact de libyens tués sur l’autel de « la démocratie triomphante » (peut-être 100 000 disent certaines sources). On suppose seulement que les grandes villes comme Baniwalid, Tripoli ou encore Syrthe copieusement bombardées par l’aviation franco-anglo-américaine, n’abritaient pas que quelques rats égarés.
Là aussi, un pays découvrant le chaos que lui ont apporté ses « bienfaiteurs ».
L’Etat français était en pointe dans ce complot qui a fini par torpiller ce pays. Le principal dirigeant de ce pays fut assassiné et le « destin » de son cadavre est d’ailleurs entouré d’un mystère pour le moins crapuleux…
Cette fois-là, la coalition de malheur y a mis la forme ; ils sont passés par le conseil de sécurité de l’ONU qui les a autorisés à empêcher l’entrée en action de l’aviation Libyenne. On sait aujourd’hui que ces pays se sont servis de cette résolution théoriquement limitée pour se débarrasser de Kadhafi et écraser par là même le pays.
Aux dernières nouvelles, la Libye est présentée comme ingouvernable, noyautée par de multiples milices.
La Syrie, « échappée provisoire » ?
Le Monde du Mardi 21 Mai 2013 titrait : « Syrie : Bachar Al Assad reprend la main » Ce même journal ajoutait :
« Le président syrien est en passe de reconquérir Qoussair, localité frontalière stratégique »
« Le régime profite du soutien diplomatique de la Russie et de l’Iran, la pression diplomatique baisse ».
« L’opposition est fragilisée par ses divisions et l’influence croissante des djihadistes. »
Quelques semaines plus tard, intervient « l’innommable » : « le régime de Bachar Al Assad aurait utilisé l’arme chimique contre son peuple. » Il aurait par là même franchi « la ligne rouge » édictée par les Etats-Unis, donnant ainsi le prétexte à une intervention franco-américaine .
Tout de suite, donc, le scénario écrit d’avance était mis en œuvre. La Syrie serait bombardée.
Les déclarations de François Hollande et de Barak Obama n’offraient pas l’ombre d’un doute sur leurs intentions (avec ou sans l’aval du conseil de sécurité).
Sans la position ferme de la Russie, de l’Iran, mais également de la chine, la Syrie serait aujourd’hui en train de subir le même sort que ses devancières (l’Irak et la Libye).
« La lutte pour la démocratie » : un leurre, un masque pour une stratégie du chaos.
Les pays européens, comme la France, la Grande-Bretagne d’un côté, et de l’autre, les Etats-Unis, prétendent être missionnés pour répandre la démocratie à travers le monde.
Dans ce cas, pourquoi sont-ils les alliés du Quatar et de l’Arabie Saoudite, monarchies dictatoriales et obscurantistes ?
On constate en outre les manigances des Etats-Unis dans le but de renverser des gouvernements de gauche radicale, démocratiquement élus, en Bolivie, au Vénézuéla etc… On finit bien par constater que les pays du tiers-monde, prioritairement ceux qui possèdent des richesses minières ou (et) qui ont une position stratégique et la volonté d’indépendance, de contrôle de leurs ressources minières, (et ceci quel que soit le régime politique), sont dans le viseur de ces artisans du chaos.
Ceux-ci cherchent à les déstabiliser, y provoquer le chaos tout en s’assurant l’accès à leurs ressources (hydrocarbures et autres).
Nous assistons en fait à l’ouverture d’une nouvelle période coloniale ; la « mission pour la démocratie » a remplacé l’ancienne « mission civilisatrice », cherchant comme toujours à cacher leurs visées prédatrices, leur volonté d’accaparer des richesses qui ne leur appartiennent pas.
Ils ne désirent pas dans l’absolu développer des colonies de peuplement mais ils cherchent à replonger ces pays dans le cycle infernal de la dépendance, afin de tenter de préserver leur domination mondiale menacée par l’émergence de nouvelles puissances comme la chine.
Dans cette sombre logique, ces puissances déclinantes veulent rendre difficile sinon impossible tout redressement national de ces pays agressés.
Cela nous montre qu’en dépit du temps qui passe, des leçons de l’histoire, beaucoup de gouvernants de ces pays « euraméricains » n’ont jamais changé de vision du monde.
Ils ne souhaitent pas un monde de coopération, d’égalité, de respect mutuel, un monde, fait d’états indépendants, mais ils en sont encore à l’idéologie qui prévalut dans l’Europe du 15ième et 16ième siècles et qui inaugura un cycle interminable de domination, d’asservissement des peuples non blancs en particulier. Cependant, le revirement in extremis des Etats-Unis dans le dossier syrien semble provisoirement changer la donne. Attendons de voir !
Enfin, nous faisons nôtre la revendication portée par la C.E.L.A.C. *²en faveur de l’abolition de l’arme nucléaire dans le monde entier.
Gageons que ces « civilisateurs coloniaux » des temps modernes soient atteints de surdité congénitale devant cette légitime exigence.
*¹A propos de la guerre en Irak : Rappelons la juste position assumée jusqu’au bout par le gouvernement de Jacques Chirac de ne pas suivre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans cette aventure criminelle.
*²La communauté des Etats latino-Américains et Caribéens (C.E.L.A.C.) regroupant 33 pays de notre région a appelé à adopter « des mesures efficaces pour une élimination générale et totale des armes nucléaires. »
Son porte-parole, Bruno Rodriguez Parrilla, (par ailleurs, chef de la diplomatie cubaine) a ajouté que l’Amérique Latine et la Caraïbe constituaient « la première région densément peuplée du monde à s’être déclarée Zone sans armes nucléaires par le biais du traité de Tlatelolco ».
Clément CHARPENTIER-TITY
Fort-de-France le 16 Octobre 2013