Par Francis CAROLE
Les responsables politiques français, qui prétendent régir le destin de nos peuples, se distinguent par une crasse inculture politique et historique doublée d’une effroyable suffisance et d’une furieuse mythomanie.
Les déclarations rocambolesques, sur « X », de Gabriel Attal, éphémère premier ministre de la Macronie, à propos du congrès constitutif du Front International de Décolonisation, en sont une des lamentables illustrations :
« Les opérations d’ingérence et de déstabilisation de l’Azerbaïdjan, qui souffle sur les braises et insulte notre pays, méritent une condamnation unanime et je les ai toujours dénoncées.
Dernière provocation en date : l’organisation d’un Congrès de « décolonisation » à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, où nos gendarmes sont diffamés et où les appels à l’insurrection sont multipliés. »
À l’évidence, les éructations d’Attal, Valls ou encore Barrot, sont, à tout le moins, une provocation contre l’intelligence. La machine à tromper voudrait ainsi faire croire que la création du FID serait une « opération d’ingérence » d’une puissance extérieure.
La chanson de l’ingérence n’est pas nouvelle. On comprend dès lors comment ce logiciel archaïque et si peu crédible a conduit à l’expulsion accélérée de la France de toute l’Afrique et d’ailleurs.
Cette cécité intellectuelle et politique -en plus d’exprimer un racisme primaire à l’égard des peuples des colonies et néocolonies françaises qui auraient prétendument toujours besoin d’une assistance étrangère pour se révolter- met surtout en lumière la dèche de la pensée politique française dans une période de grandes mutations stratégiques mondiales qui aurait exigé des mises en perspective historiques, politiques et économiques radicalement différentes.
Il ne faut sans doute pas en demander autant à la kyrielle de petits ambitieux sans consistance qui, en grande partie, constituent aujourd’hui « l’élite » politique française…
C’est, en réalité, l’oppression coloniale elle-même, avec sa cohorte de pillage, d’exploitation, de mépris, d’atteintes à la dignité des personnes, d’injustices flagrantes, de manœuvres permanentes, de pauvreté organisée, de violences multiformes, qui anime la révolte des peuples. Pas les prétendues « ingérences extérieures » qui ne constituent que des discours d’évitement et de manipulation de masse dont la médiocrité n’est plus à démontrer.
La création du Front International de Décolonisation se veut la manifestation de la seule volonté de nos peuples de s’émanciper de l’impasse mortifère de la situation coloniale. Les révoltes multiples de nos peuples, tout au long de l’histoire, contre la brutalité de ceux qui prétendaient apporter la liberté et les droits humains n’ont pas eu besoin « d’ingérence étrangère ». L’ingérence coloniale française suffisait…
Contre les divagations de l’État français, la charte du FID et la déclaration finale de son congrès constitutif précisent clairement :
« Nous déclarons avec force l’indépendance absolue de nos organisations et de nos peuples à l’égard de tout État ou groupe de pression. La solidarité avec nos luttes ne saurait être un prétexte pour exercer une quelconque pression sur nos orientations, nos actions et déclarations. »
Le discours de l’État français n’est désormais crédible nulle part. Le rôle de notre génération est de détruire partout le colonialisme, le néocolonialisme et toutes les oppressions qui brident les aspirations légitimes de l’être humain au respect, au bien-être, au progrès, à la liberté et au bonheur.
Nous ne reviendrons pas en arrière.
Francis CAROLE
NOUMEA
Dimanche 26 janvier 2025
