Par Francis CAROLE
Une fois de plus, le carême est marqué par de nombreuses privations d’eau sur tout le territoire. Ainsi, à St- Joseph, la population n’a pas été alimentée en eau depuis une semaine et, durant deux jours, même l’hôpital a été affecté par cette carence qui a aussi entraîné la fermeture de certaines écoles. Dans de nombreux quartiers de Fort-de-France, de Schœlcher, du Nord et du Sud une même colère de la population gronde.
Ces crises récurrentes de l’eau ont un impact notable sur notre vie sociale, sur l’activité économique ainsi que sur la santé des Martiniquais.
Tout aussi grave, elles génèrent une insupportable inégalité d’accès -en quantité et en prix- à une ressource vitale.
Certes, la saison sèche entraîne une diminution des volumes des rivières, lesquelles assurent la production de 94% de l’eau potable en Martinique. Avec deux milliards de mm de précipitations par an, le problème ne se pose cependant pas en termes de ressources puisqu’il est reconnu que nous sommes l’un des points de la planète les mieux pourvus en eau.
La pénurie observée est en fait la résultante à la fois d’une vision défaillante de la gestion de la ressource, d’insuffisances techniques permettant de mieux la stocker et la répartir ainsi que d’incompétences politiques manifestes (syndrome du pli pré légliz sé kloché)qui, plus largement, nuisent à tous les aspects de la vie de notre nation.
L’opacité -délibérément entretenue- de la gestion de la Société Martiniquaise des Eaux et d’ODYSSI accentue la difficulté.
Une crasse démagogie de la quasi-totalité des partis politiques avait laissé croire qu’il suffisait de payer 225000€ au béké, à Séguineau, pour que l’eau potable afflue dans les robinets jusqu’à la fin des temps.
En réalité, les grands axes de résolution de la question de la pénurie dans la desserte de l’eau potable sont connus depuis longtemps :
diversifier et protéger la ressource;
régler le scandale de la perte de près de 50% de l’eau potable produite à cause de canalisations défectueuses;
prévoir des réservoirs de stockage tampons;
veiller à une répartition équitable sur l’ensemble du territoire en sortant des logiques de clochers;
éduquer la population à un usage plus économe de l’eau et mieux l’accompagner à collecter les eaux de pluies pour certains usages domestiques;
créer une entité unique de production et de gestion durables de l’eau potable prévoyant des mécanismes structurels stricts garantissant efficience et transparence; un contrôle populaire s’impose pour contrecarrer les logiques de corruption qui gangrènent notre pays.
Il appartient aux collectivités locales de planifier et de mener à bien ces différents chantiers, solidairement et dans les meilleurs délais…sans attendre le prochain carême qui, dans la période de mutation climatique que nous vivons, risque d’être encore plus impitoyable.
La vigilance et la pression permanentes de la population doivent s’exercer si nous voulons obtenir des résultats à court, moyen et long termes.
Sauf à être de tristes roitelets, avons-nous besoin qu’un papa blanc de la préfecture convoque les élus pour leur dire ce qu’ils ont à faire ?
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Mardi 14 Mai 2024