Par Francis CAROLE
Le PPM se retrouve donc seul dans « son » « congrès ». Faut-il vraiment s’en étonner ? Nous sommes passés de l’emballement irrationnel du début -qui prétendait élaborer un projet entre juillet et octobre 2022- à l’embourbement des derniers mois qui a vu se multiplier les reports incessants des réunions des commissions et les incohérences méthodologiques.
Deux raisons essentielles expliquent ces errements.
D’abord, la mise en œuvre d’une stratégie politique erronée accordant la priorité au passage par le Comité Interministériel des Outre-Mer (CIOM) pour régler les problèmes martiniquais.
Dans cette conception, qui prolonge la dite « déclaration de Fort-de-France », le couple Saliber-Letchimy (et ses suivants , anciens…ou nouveaux) s’en remettait à Carenco et à la « conscience » macronienne pour espérer changer la donne dans les dernières colonies. Échec et mat, malgré les grands cris d’autosatisfaction entendus, au lendemain du 18 juillet, des cloches de Plateau Roy !
Cette démarche a donc conduit au bâclage du congrès, lequel, après un an, n’est parvenu ni à un diagnostic partagé ni à des préconisations consensuelles. À ce jour, cette instance martiniquaise, d’où devait émerger une vision pays, n’a pris aucune décision et n’a voté aucune résolution. C’est le CIOM qui décide et le couple CTMien qui applaudit, « satisfait » et « tranquille ». Un peu l’histoire des « meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises »…
Ensuite, le mépris à l’égard de l’opposition et des électeurs-électrices martiniquais.es.
Durant ces douze derniers mois, notre groupe n’a cessé de nourrir les commissions et réunions du congrès de propositions multiples, à la fois sur les contenus thématiques et sur la démarche méthodologique. Les différents comptes rendus de ces instances en témoignent largement.
En vain !
Le mépris à l’égard de l’opposition a été instauré en méthode de gouvernance depuis deux ans : aucun moyen de travail mis à disposition, monopolisation de la parole par le président du conseil exécutif sans possibilité de réponse, réduction du temps de parole des élu.e.s de l’assemblée, manœuvres constantes et grossières du président de cette assemblée pour empêcher le débat démocratique…La caricature de démocratie par excellence !
La stratégie mise en œuvre par le PPM à la CTM aboutit en définitive à affaiblir la position de la Martinique face à l’État français et à conforter l’immobilisme colonial.
En effet, c’est en rassemblant le pays pour tenter de créer un rapport de force sur la base d’un projet répondant aux urgences de notre pays et à notre volonté d’émancipation que nous nous ferons respecter.
Le refus du Gran Sanblé et d’un autre groupe de l’Assemblée de se rendre à la séance précipitée et chaotique du congrès de ce vendredi 28 juillet est unique dans la déjà longue histoire des congrès en Martinique. Cette situation inédite interpelle… C’est un camouflet politique majeur pour Serge Letchimy.
Souhaitons que cela serve de leçon et incite à la réflexion ceux qui se croient tout permis.
Nous ne cessons de répéter que notre pays se trouve dans une période dangereuse. Il serait heureux que chacun le comprenne enfin…
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Vendredi 28 juillet 2023