Du 21 au 25 novembre s’est tenu en Guyane, à l’initiative du député Jean-Victor CASTOR, le « Ralliement International » qui portait sur la question de « l’accès à la terre » et sa « maîtrise ».
C’est une préoccupation prégnante dans toutes les dernières colonies françaises et dans le monde. Ainsi, des délégations martiniquaises, kanakes, corses, guadeloupéennes ou encore polynésiennes ont tenu à répondre à l’invitation des patriotes guyanais.
Cette rencontre, extrêmement dense et riche, a permis des échanges d’expériences utiles pour chacun de nos pays.
Elle a lancé un débat public franc et démocratique sur une question qui touche à la fois à la culture, à l’histoire, au développement, à la souveraineté alimentaire, au vivre ensemble et au statut politique.
Le PALIMA, par l’intermédiaire de Francis CAROLE, avait tenu à être présent à ce rendez-vous dont les thématiques concernent directement notre pays.
La Déclaration finale, ci-après, résume les conclusions de ces cinq jours d’échanges et de rencontres, sur le terrain , avec les différentes composantes du peuple guyanais.
« Déclaration finale du Ralliement international sur l’Accès et la Maîtrise des Terres
(du 21au 25 Novembre 2022)
Le député de Guyane, Jean-Victor Castor et les organisations suivantes :
– Corsica libera de Corse représenté par François BENEDETTI et Jean-Marc
RODRIGUEZ,
– PALIMA (Parti pour la Libération de la MArtinique) représenté par Francis CAROLE,
– KSG (Kolektif pou Sové Gwadloup) représenté par Rosan Mounien,
– MODEMAS (Mouvement des Démocrates Ecologistes pour une Martinique
Souveraine ) et le MIR ( Mouvement International pour les Réparations) représenté par Sandrine TOUSSAY,
– FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste) représenté par Julien BOINEMOI, Ernest DEMENE et Dominique FOCHI,
– TAVINI Huira’atira de Polynésie représenté par Temataï LE GAYIC,
ainsi que le MDES en appui à l’évènement ;
* Ayant répondu au Ralliement international sur l’accès et la maîtrise des terres organisé par le député Jean-Victor CASTOR pendant une semaine sur les thèmes suivants :
– La restitution des terres en Kanaky et en Guyane,
– Les réalités des différents pays,
– La restitution des terres et les peuples autochtones,
– La sobriété foncière et l’aménagement du territoire,
– La libération des terres )agriculture familiale et culture),
– La libération des terres et l’agriculture,
– Les institutions et le foncier, l’accès au territoire, son aménagement et la lutte contre la spéculation,
– Le rapport de nos populations à la terre, rattachement viscéral et base concrète d’un projet politique commun,
– La libération des terres, émancipation et autonomie ;
* Ayant écouté les différentes personnalités et organisations de Guyane qui ont mis en exergue les problèmes et revendications suivantes :
– La reconnaissance de l’existence de peuples autochtones et de leurs droits internationalement reconnus par les déclarations de l’ONU et la Convention 169 de l’OIT que la France refuse toujours de ratifier,
– La nécessité de libérer l’accès à la terre pour répondre aux besoins fondamentaux du peuple guyanais dans toutes ses composantes,
– La submersion marine qui frappe la commune d’Awala-Yalimapo au point d’envisager le déplacement de près de 200 personnes,
– Le rythme insuffisant de mise à disposition des terres agricoles par rapport à la dynamique démographique du pays. Ce qui ne permet pas le renouvellement des générations d’agriculteurs pourtant essentiel à l’atteinte d’un objectif de souveraineté alimentaire,
– L’aménagement du territoire en vue du désenclavement urgent du pays, impossible sans la maitrise totale des terres,
– Les politiques publiques aujourd’hui imposées qui favorisent le développement de la spéculation foncière,
– Les blocages à l’accession à la terre et à la régularisation provoqués par la gestion coloniale des différents services de l’administration française,
– L’attachement irréductible à la terre des populations de Guyane -fait non pris en compte par l’autorité coloniale- qui provoque un dérèglement social grave; attachement viscéral qui fonde aussi la base concrète d’un avenir commun,
– L’importance capitale de la souveraineté alimentaire (produire et transformer sur place pour un mieux vivre en bonne santé),
La nécessité du changement statutaire permettant une utilisation adéquate des terres libérées ;
* Ayant fait part de la situation de leurs différents pays, notamment :
– Les acquis des luttes du peuple guadeloupéen pour la maitrise des terres agricoles,
– Les luttes du peuple Corse contre la spéculation, la dépossession foncière et pour la sauvegarde de la terre comme élément constitutif de son identité nationale,
– La confiscation des terres et leur empoisonnement en Martinique par les békés, les multinationales et l’Etat colonial français,
– Les avancées du statut d’autonomie de la Polynésie qui permet de disposer des terres en indivision selon les us et coutumes du pays,
– Le transfert de la quasi totalité des terres de l’Etat à la collectivité Néo-Calédonienne grâce à la lutte continue et aux accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) ;
* Considérant que l’accès au foncier et à
sa maîtrise ne peuvent être pleinement réalisés que dans le cadre de pays disposant des leviers juridico-administratifs le permettant ;
* Considérant que ces conditions nécessitent que leurs pays soient pleinement souverains ;
Déclarent que la Guyane, comme la Corse, la Guadeloupe, La Kanaky-Nouvelle-Calédonie et la Martinique sont des pays encore colonisés par la France ;
Déclarent en conséquence que les peuples de ces pays sont fondés à réclamer leur droit imprescriptible à l’autodétermination jusqu’à leur accession à la souveraineté ;
Appuient sans réserve la démarche du député Jean-Victor CASTOR visant à la Restitution totale des terres de Guyane au peuple Guyanais et encouragent les collectivités guyanaises à délibérer en ce sens ;
Décident de poursuivre la dynamique de ce premier Ralliement international sur l’accès et la maîtrise des terres initié par le député de Guyane Jean-Victor CASTOR en prenant date, d’ores et déjà, pour un deuxième Ralliement international dans un des pays concernés ;
S’engagent, le cas échéant, à soutenir au niveau international la demande des peuples de Corse, de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique pour l’inscription de leur pays sur la liste des pays à décoloniser ;
Appellent enfin vivement les différentes composantes du peuple Guyanais à continuer et à amplifier dans l’unité le débat sociétal franc et fructueux commencé de façon si riche pendant toute la semaine de ce Ralliement. »