En dépit des nombreuses contestations populaires, en Martinique et ailleurs, et de l’opposition de plusieurs députés, l’Assemblée Nationale française a donc, sans véritable surprise, voté le projet de loi sanitaire qui institue la vaccination obligatoire pour les soignant.e.s et l’extension du pass sanitaire.Dans une déclaration diffusée en début de semaine, nous avions expliqué notre opposition et à la vaccination obligatoire en particulier et à l’extension du pass sanitaire plus généralement(https://www.facebook.com/350778635016129/posts/4342184029208883/?d=n).
Au nom de la sacro-sainte « indivisibilité » de la « République », l’Etat français cherchera à nous imposer, par la trique, l’application d’une loi dont l’efficacité sanitaire est discutable et discuté, et l’impact global sur notre société -économique, social, psychologique, politique -risqué.
Le chantage de l’Etat, les pressions organisées sur la société martiniquaise et l’usage de la force aboutiront inévitablement à des ruptures encore plus graves et à des blocages qui rendront la gestion de la situation encore plus aléatoire…
Sans doute serait-il plus pertinent que les autorités françaises fassent l’effort intellectuel -si c’est encore possible-de considérer les résistances des Martiniquais.e.s au vaccin concerné non comme une tare de « sous-peuple » mais comme une réaction légitime face à une gestion catastrophique de la crise sanitaire, avec, en arrière-plan, l’expérience d’un empoisonnement d’Etat au chlordécone de plusieurs décennies.
De ce point de vue, plutôt que de s’entêter dans une épreuve de force qu’il ne remportera jamais, l’Etat français devrait plutôt s’inspirer du projet de loi « 4 D » (pour décentralisation, différenciation, déconcentration et décomplexification) qui se propose d’offrir aux territoires des outils permettant de mettre en œuvre y compris des politiques publiques de sécurité sanitaire. En attendant.
Pour ma part, je n’ai cessé de prôner, depuis avril 2020, une « stratégie martiniquaise » concertée face à la crise sanitaire. D’aucuns évoquent, depuis quelques jours, une « solution martiniquaise ». Il était temps qu’ils comprennent que le jacobinisme est une impasse.
Notre position, en effet, ne consiste pas à nier la crise sanitaire mais à l’appréhender et à la gérer autrement.
Dans les jours qui viennent, nous devrons, contre les errements du gouvernement Macron et les politiques liberticides décidées, renforcer et étendre le mouvement populaire pour aboutir à la non-application de l’extension du pass sanitaire en Martinique (dont l’obligation vaccinale) ainsi qu’à la définition d’une « stratégie martiniquaise » concertée prenant en considération l’information de la population, la démarche de renforcement de nos défenses immunitaires, la prévention, la protection des publics les plus fragiles, la continuité des soins à l’ensemble malades de la Martinique.
La lutte contre les politiques liberticides n’est pas l’ennemie de la rationalité, de la science et de l’efficience des politiques de Santé. Elle en est le garant.
Francis CAROLE – MARTINIQUE – Vendredi 23 juillet 2021