Ainsi, Jean CRUSOL, ancien 1er Secrétaire de la Fédération Socialiste, connu pour son opposition à l’autonomie et sa rage contre les indépendantistes, a fini par rejoindre le PPM… Parti «autonomiste»…
L’anecdote ne mériterait pas que l’on s’y attarde davantage tant il est vrai que le personnage est connu pour ses revirements et son machiavélisme politique.
Chacun aura aussi compris le caractère très égotiste et très intéressé de cette offre de vassalité à un an des élections européennes et à deux ans des régionales…
Mais au-delà des errements politiques et des ambitions politiciennes auxquelles une certaine classe politique a habitué notre pays, le ralliement de Jean CRUSOL constitue une étape supplémentaire dans la stratégie du PPM d’agglutiner en son sein, dans l’odeur de la haine et de la revanche, tous ceux dont le seul credo politique est l’anti-indépendantisme.
Dans cette quête du pouvoir au profit de leur clan, ni le devoir de vérité, ni les principes, ni l’éthique politique ne font sens pour les dirigeants du PPM.
Pour justifier ses nouvelles amours, l’ancien 1er Secrétaire de la FSM évoque l’ «idéologie socialiste» du PPM, l’apparentement de CÉSAIRE au groupe socialiste à l’Assemblée Nationale française, le «bon travail» du maire actuel et… «un grave danger pour la démocratie» (!!!).
Quand CRUSOL confessait ses doutes sur la «compétence» et la «crédibilité» de LETCHIMY
«Comme Jean s’est «mofwazé»!» doivent penser ceux qui l’on connu à l’époque de sa hargne obsessionnelle contre la mairie de CESAIRE.
A l’évidence, la posture actuelle de l’intéressé manque de courage politique, d’esprit de responsabilité et de sincérité.
Ce qu’il convient, en effet, de rappeler, pour tenter de suppléer à l’amnésie du nouveau converti, c’est qu’il a été le seul responsable socialiste à présenter une liste contre CESAIRE aux élections municipales de Fort-de-France. C’était en 1989, sous la bannière de la «Relève Démocratique Foyalaise» (tout un programme!).
On comprendra que nous ne faisons pas grief à Jean CRUSOL d’avoir eu à critiquer le PPM. Ce dont il est question ici c’est de l’inconséquence de ses arguments actuels qui relèvent davantage de l’opportunisme politicien que d’une évolution en profondeur de sa vision politique.
Les citations qui suivent pourront paraître longues et fastidieuses, mais il n’est pas sans intérêt de relire les écrits virulents du nouvel adepte contre «la pagaille des transports publics foyalais», «les grands projets de Fort-de-France : un fiasco», «les finances foyalaises: une gestion hasardeuse»…
Cette prose violemment amoureuse a été publiée par Jean CRUSOL, dans un ouvrage intitulé « Pour la Martinique », véritable hymne au statut départemental. On y trouve des morceaux choisis qui devraient transporter d’allégresse les membres du PPM et amener le citoyen honnête à s’interroger sur la véritable nature du troc politicien entre CRUSOL et LETCHIMY.
Malheur à ceux qui oublient ce qu’ils ont écrit !
«Pour tenter de sortir de ces difficultés, elles (la mairie de Fort-de-France et la SEMAFF alors dirigé par LETCHIMY) ont confié, depuis 1997, la réalisation et l’exploitation du parking à un promoteur métropolitain. Ce qui illustre bien le slogan du PPM «la chance des Martiniquais, c’est le travail des Martiniquais…»» (Jean CRUSOL).
Les insinuations contre l’actuel maire de Fort-de-France n’ont d’ailleurs pas manqué : «On a, de même refusé de dévoiler à l’élu foyalais que nous sommes, le montant de la rémunération mensuelle de l’ancien Directeur Général de la SEMAF .
Nous avions posé cette question au Conseil Municipal, au moment où il votait une indemnité de 350 000 F pour le Président de la SEMAFF, Président de l’Office du Tourisme de Fort-de-France, 9e Adjoint au maire de Fort-de-France (l’actuel 1er Adjoint de la Ville de Fort-de-France n.d.r.). Cette indemnité lui a été servie, selon le rapporteur de cette décision, «eu égard à l’exercice du mandat social et des fonctions de direction générale assurées» depuis le départ du Directeur Général de la SEMAFF.
Cependant, le rapporteur a laissé échapper que le traitement du Directeur Général était «bien supérieur à cette indemnité» » (Jean CRUSOL – Décembre 2000).
Que pensait alors, l’ancien Député Européen des «compétences» et de la «crédibilité» de l’actuel maire de Fort-de-France, ancien «Directeur Général de la SEMAFF» ?
Donnons lui encore une fois la parole :
«Les principales propositions économiques pour Fort-de-France, du candidat du PPM (Serge LETCHIMY n.d.r.), sont les mêmes, «grands projets» sur lesquelles l’équipe sortante s’était engagée il y a sept ans. La SEMAFF, qu’il a dirigée jusqu’à août dernier, en était non seulement le concepteur mais avait été chargée du mandat d’exécution par la municipalité. Ce sont les fameuses Zones d’Aménagement Concertées (ZAC) : La ZAC de la Pointe Simon, la ZAC de l’Espace Perrinon, la ZAC de l’Etang Z’abricot, le Front de Mer du Boulevard Alfassa. Par conséquent, faire aujourd’hui le bilan de ces projets, c’est juger de la compétence et de la crédibilité du candidat. […]. Les grands projets de Fort-de-France sont un fiasco, et ne plaident ni pour la compétence ni pour la crédibilité du candidat PPM !» (Jean CRUSOL).
Miracle de la dialectique en Machiavélie ! Ce sont ces mêmes projets, mis en œuvre durant la première mandature de l’actuel maire, qui se sont mués en «bon travail» ! Toupé pa ka tyoué !
Ainsi, par la magie de la démagogie, le détracteur docte et pédantesque d’hier revêt aujourd’hui, pour ses nouvelles noces, le «jupon kankan» de la groupie frétillante, désormais fascinée par celui dont elle contestait la «compétence» et la «crédibilité».
Mais, c’était hier, n’est-ce-pas ? Et aujourd’hui est déjà un autre jour…
Nous sommes de ceux qui pensent que la politique n’est pas l’art de la ficelle… Elle commande avant tout une exigence d’éthique et un devoir de vérité.
D’où vient le «danger pour la démocratie» ?
Notre machiavel ne recule décidément devant aucun excès. A la suite d’on ne sait quelle «séyans», il évoque un « grave danger pour la démocratie » en Martinique. Quel « grave danger » ? Pas une poussière d’argument ne vient étayer cette assertion dont la seule fonction consiste à faire peur, à diaboliser les indépendantistes et à alimenter un climat de haine qui demain permettra de passer à l’acte.
La vérité est que, durant les dernières années, le PPM a été le seul parti politique de la Martinique à faire usage de la violence physique contre ses opposants.
Ce fut le cas dans les locaux d’ATV en 2001 contre un candidat écologiste aux élections municipales. Ce fut à nouveau le cas, en 2003, contre un responsable du MIM, Jean-Philippe NILOR, Conseiller Général et Conseiller Régional, dans l’enceinte même du Conseil Général, en pleine plénière du Congrès. Précisons, pour la petite histoire, que l’agresseur, garde du corps du maire PPM de Fort-de-France… est toujours garde du corps du maire PPM de Fort-de-France !!!
Alors, qui donc menace vraiment la démocratie ?
Jean CRUSOL serait-il donc devenu « nationaliste » et « autonomiste » ?
On peut légitiment douter de la véracité de la conversion du «cher Jean» à l’autonomie.
Dans son discours de clôture au IIIe Congrès du PPM, le 13 août 1967 (Congrès dont il a été dit qu’il ne fallait pas en changer «une virgule», lors du décès de l’immense poète), Aimé CESAIRE déclarait :
«Camarade, ce Congrès du PPM, si on voulait en donner, d’un mot, une idée, on pourrait dire que, s’il est le Congrès pour l’organisation du parti, il est aussi le pré-congrès de l’autonomie martiniquaise.
Nul ne s’en étonnera, puisque PPM et autonomie sont désormais synonymes, et que le seul serment qui désormais est réclamé à celui qui veut entrer dans nos rangs est le serment de militer pour l’autonomie de la Martinique» (C’est nous qui soulignons).
Alors ? Jean CRUSOL a-t-il prêté «le serment de lutter pour l’autonomie de la Martinique» ?
L’homme est connu pour ses positions départementalistes indécrottables. C’est sur la base de ces positions archaïques qu’il s’était rallié au camp des békés pour s’opposer à la création d’une Assemblée Unique, lors de la consultation populaire du 7 décembre 2003. Rappelons que ce revirement s’est produit à quelques jours seulement de cette consultation, alors que pendant plus de deux ans il avait pris part à la Commission de suivi chargée d’élaborer les termes de l’évolution institutionnelle et qu’il en avait, à maintes reprises, approuvé les conclusions.
Tout au long de sa trajectoire politique, CRUSOL n’a cessé d’éructer son mépris des autonomistes sincères et des indépendantistes qu’il traitait de «démagogues qui croient pouvoir tromper le peuple», les accusant d’avoir «en fait, une seule vraie préoccupation», celle «d’avoir plus de pouvoir» (Jean CRUSOL – «Pour la Martinique»).
En séance plénière du Conseil Régional, le 17 mars 2000, il s’écriait : «un changement de statut pour quoi faire ?» ; «… nous voulons garder le statut départemental».
Fort de sa nouvelle virginité «autonomiste» (mais peut-on sérieusement être encore vierge après un tel parcours ?), l’adepte n’a pas jugé utile de faire amende honorable pour les erreurs d’hier, ni d’expliquer en quoi il avait été convaincu de la perspective autonomiste… Attitude éthique qui aurait dû constituer un minimum vis-à-vis de la population…
Les dirigeants du PPM et CRUSOL «ne sont pas sur ça…». L’éthique, il faut «laisser ça» aux rêveurs, aux militants de seconde zone et aux naïfs…
Mais, se demandera t-on, si CRUSOL n’a pas prononcé «le serment de militer pour l’autonomie de la Martinique», quel serment a-t-il donc prêté ?
Il l’avoue lui-même : le serment de la haine contre les indépendantistes et les autonomistes conséquents qui est le nouveau credo du PPM post- Césairien, «le seul serment désormais réclamé à celui qui veut entrer» dans les rangs d’une croisade affligeante qui enserre le pays dans un climat détestable de guerre civile, bloque toute initiative qui permettrait à notre nation de sortir de l’impasse et sème les germes potentiels de la violence politique.
Cette option irresponsable des anti-indépendantistes du PPM, avec le soutien affiché du Gouvernement SARKOZY, laisse présager des jours sombres pour la Martinique si, par l’explication politique, par la re-politisation du peuple nous n’y mettons un terme.
C’est là une responsabilité de tous les patriotes, des autonomistes authentiques, des démocrates sincères, de toutes les femmes et de tous les hommes de notre pays qui pensent que notre futur commun ne doit pas être sacrifié sur l’autel des intérêts médiocres de quelques revanchards.
Le PALIMA